Le tango argentin est, Dieu merci, impossible à définir et à
circonscrire. C’est un univers auquel chacun accède à sa manière, par un chemin
qui lui est propre. En tant que professeurs, notre rôle consiste à proposer des
repères à ceux qui parcourent cet univers, et en particulier à ceux qui y font
leurs premiers pas. Tout le monde sait combien il est important de bien
commencer.
Le tango argentin dansé est une danse dans le sens le plus
large qu’on puisse imaginer : c’est une expression de tout notre être,
dans toutes ses dimensions, dans notre sensation de nous-même et dans notre
relation à l’autre et aux autres.
Il ne faut pas chercher plus loin l’attrait puissant qu’il
exerce sur un nombre sans cesse croissant de personnes à travers le monde
entier, et les profondes satisfactions qu’on peut tirer de sa pratique.
A travers l’abrazo
(l’embrassement des deux danseurs) sont mises en œuvre des relations, des
échanges, qui permettent de jouer, grâce à la musique, sur toute une gamme
d’impressions, d’émotions, de sentiments qui se combinent de manière infinie.
Ce jeu, cette liberté, peuvent se déployer dans un cadre qui
leur donne leur espace. Il y a le cadre social du bal, avec ses conventions qui
permettent l’établissement de relations entre les couples de danseurs. Et le
cadre de l’abrazo, c’est-à-dire la matérialisation de la relation entre les
deux danseurs du couple, relation dans laquelle le lien avec les autres
danseurs est loin d’être absent.
L’apprentissage de la danse dans son acception la plus large
va donc bien au-delà de l’acquisition de techniques chorégraphiques. Celles-ci
sont des éléments fondamentaux de l’expression, mais elles ont leur place dans
un registre beaucoup plus vaste. Le danseur/ la danseuse de tango argentin met
en œuvre des techniques plus ou moins élaborées. Le plus important tient à l’intention qui l’anime. Plus cette
intention est ouverte sur l’échange, plus riche sera la danse. A regarder les
couples évoluer sur une piste, on ne peut s’y tromper.
Guider des débutants, ce sera donc leur proposer des ouvertures sur toutes les dimensions du
tango argentin que nous venons d’évoquer : la relation à soi-même dans la
danse, la connexion au/à la partenaire, le rapport à la musique, et last but not least, la relation avec les
autres danseurs. Toutes ces dimensions trouvent leur unité dans la présence du danseur ou de la danseuse.